Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/192

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Une reconnaissance prussienne montait le mamelon, venant vers eux.

« Oh ! fit Hans, joyeux, enfin ! »

Un sous-officier conduisait la petite troupe.

« Général ! s’écria-t-il, à la vue du blessé, Dieu soit loué, nous vous avions cru prisonnier. Nous cherchons une troupe ennemie qui doit être à peu de distance ?…

— Sans doute sous bois, à deux heures d’ici, répondit Hans ; marchez avec précaution, d’où nous venons, vous allez les surprendre. »

À ces mots, Michelle eut un tel tressaillement, qu’Hans en fut effrayé.

« Qu’avez-vous ?

— Oh ! Hans, ce que j’ai ! Vous profitez de ce que je vous ai dit pour perdre mes compatriotes, moi, vous le savez, je ne suis pas Allemande.

— Mais vous êtes ma femme. Comment voulez-vous que je laisse écraser ces braves gens, mes compatriotes à moi ? »

Les soldats s’éloignèrent à pas de loup, et les deux martyrs, liés l’un à l’autre, continuèrent leur course vers le château. Un silence profond régnait entre eux. Michelle commençait à souffrir d’une extrême fatigue physique. Affaiblie par un long jeûne, sa pensée même vacillait, et sous ce soleil chaud qui les inondait au sortir du bois, un peu de fièvre gagnait son cerveau. Elle arriva épuisée à la porte du château de Lomont.

La garnison prussienne s’empressa autour des fugitifs. Les officiers chirurgiens, tous vinrent apporter au brave général le tribut de leur admiration.

On réconforta les deux époux. Ils avaient un immense besoin de repos. On leur offrit la tranquille paix d’une vaste pièce, aux murs épais, où ils purent enfin prendre quelque repos.