Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/218

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« Minihic est parti alors vers septembre, de Prusse. Il a eu le courage de la laisser, elle ! notre Michelle ! Enfin, ça le tenait trop l’idée de patrie ! Il s’est donc sauvé avec un autre Français, un officier convalescent. En arrivant en Suisse, l’officier est tombé malade, de bons Alsaciens l’ont soigné ; Minihic dit avec attendrissement qu’une bonne créature, nommée Elsa, a eu grande bonté pour lui ; qu’elle lui a réparé ses habits déchirés dans la fuite, qu’elle est jolie et pieuse, et qu’il voudrait après la guerre se marier avec elle.

Quand l’officier est guéri, ils repartent. Minihic explique qu’ils sont comme deux camarades, qu’il n’y a plus de capitaine.

Les voilà en France, ça chauffe, ça saigne, ça tonne partout. Ils vont s’engager dans un régiment qui passe ; et ils se ruent sur les Prussiens, qui sont autour de Paris. Le garçon dit que c’était superbe ce combat, qu’il était comme fou, grisé, enragé, tapant, criant. Il n’attrape point de mal quand même.

Ah ! mon pauvre enfant, je t’aimerais bien mieux sur le banc de Terre-Neuve, ou au long cours, sur l’autre face de la terre.

Devant des balles, ainsi tous les jours, une d’elles finit toujours par faire son trou, dans la peau du soldat. »

Lahoul, tout en se parlant à lui-même, continue son chemin. Il est sous la Roche-aux-Mouettes. La ruine tient toujours. Elle