Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/241

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Le curé de Saint-Enogat, prévenu, vint à la Roussalka, dès le lendemain matin. Il eut avec le général un long entretien. Puis, les Rosaroff et Hartfield se rendirent à la petite église bretonne, où simplement, entre eux, eut lieu la cérémonie touchante qui fut l’admission d’une brebis de plus dans le troupeau du Bon Pasteur. Hans était très simple, avec sa foi d’enfant. Il éprouva un indicible sentiment de repos, de bien-être. Il lui sembla, disait-il, que son cœur sortait d’une étouffante prison, qu’il avait assuré son avenir, mis en réserve certaine des trésors ; qu’il ne devait plus se préoccuper de rien, étant désormais à l’abri de l’orage.

La journée qui suivit cette tranquille matinée fut consacrée par les trois amis à une intime et douce causerie. Ils regardèrent un peu dans le passé, déjà lointain, de leur jeunesse et ils se dirent que l’acheminement avait été progressif, que le pays breton représentait leur oasis, l’endroit choisi par Dieu comme leur port de salut.

Michelle, l’innocente Michelle, qui ne jouissait pas de son triomphe à l’heure actuelle, avait été l’apôtre, le canal des miséricordes divines.

Éloignée, elle souffrait, courbée sans cesse par cette loi du plus fort que représentait Edvig ; mais si faible et si naïve qu’elle fût, la vaillante fille de France rayonnait, comme l’aurore du jour nouveau qui dissipe autour d’elle les ténèbres et l’effroi : son mari, ses enfants en étaient la preuve.