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Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/254

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II


Michelle se rendit le lendemain chez Mme Freeman, celle-ci la reçut en amie et tout de suite liées, les deux femmes causèrent intimement.

« Il faut que je vous associe à une bonne œuvre, dit l’Alsacienne, j’ai besoin d’aides intelligents et dévoués. J’ai installé, dans un pavillon de chasse que j’ai acheté près d’ici, une sorte de colonie agricole où sont une dizaine de pauvres petits orphelins de la guerre. Ils appartiennent à je ne sais quel culte, à aucun pour la plupart, car ce sont des épaves de la rue, le déchet des asiles de nuit, je leur ai trouvé comme gardiennes deux religieuses de notre pays, mais elles ne peuvent suffire à leur éducation morale et à leur entretien physique.

— Je comprends ce que vous souhaitez.

— N’est-ce pas ? Quelques femmes du monde assez libres et assez bonnes pour se charger d’une leçon à jour et heure fixe. Moi je fais le cours d’histoire de France et d’Allemagne.

— À l’usage des jeunes Alsaciens, conclut Michelle en souriant.

— Je suis juste, je dis l’histoire. Il reste à enseigner les autres branches.

— Je veux bien me charger du catéchisme.

— Quelle bonne avance pour moi ! mon fils…