Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/253

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à de fréquentes douleurs très aiguës souvent, et elles avaient à la longue grandement altéré son caractère, le disposant à l’humeur sombre. Il continua avec une dure insistance :

« Nous ne pouvons pas suivre deux voies différentes. Depuis la guerre vous n’avez pour nous que des pensées offensantes.

— Des pensées, Hans, et si je ne les exprime pas, qui les voit ?

— Votre attitude le révèle, ce sont petits, mais incessants coups d’épingle pour nous.

— Je pourrais vous répondre qu’Edvig rend des coups d’épée. Seulement, avant tout, je tiens à ne pas vous faire de la peine. »

La conversation fut interrompue par l’arrivée à l’hôtel. Michelle, qu’un remords poignait toujours, quand elle avait vu Hans malheureux, l’entraîna près des petits lits où les enfants dormaient, et là, agenouillés côte à côte, les deux époux, dans une prière fervente, unirent leur cœur et virent s’envoler leur rancune.

Edvig ignorait encore la conversion de son frère, Hans n’osait affronter la scène terrible qu’il prévoyait, mais l’heure allait venir où il faudrait parler, parce que Wilhem et Henrich arrivaient à l’âge où ils devaient suivre le catéchisme. Mon Dieu ! que de querelles à l’horizon !