Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

front, ces discussions le fatiguaient horriblement.

« Vous n’avez l’idée d’aucun de vos devoirs, continua Edvig.

— Maman, s’écria Heinrich, tu sais que ce soir nous allons voir la lune dans le télescope de M. Freeman. Il nous l’a promis si le temps est clair.

— Hans, dit sévèrement Edvig, j’espère que vous ne permettrez pas que vos enfants voient cet homme qui, tout le monde le sait, est un conspirateur. »

Hans regarda sa femme à ces mots.

« Vous avez-vu M. Freeman, ce matin ?

— Mais certainement, Hans, vous n’ignorez pas quel était le but de notre course.

— Toujours des mystères ! » dit Edvig.

Un silence lourd tomba sur les assistants, et quand on servit le café dans le fumoir, Edvig suivit son frère, l’attira à l’écart.

« Vous êtes aveugle, mon frère si vous permettez que les vôtres s’associent à cette famille des Freeman qui passent leur temps à agir contre nous. Michelle est une inconsciente, décidément.

— Je vous assure Edvig que ma femme ne commet aucune faute.

— Enfin, où va-t-elle ainsi chaque semaine à jour fixe ?

— Elle s’occupe d’une œuvre de charité.

— Prétexte dont vous êtes dupe ; mais ouvrez donc les yeux ! Quelle éducation pour vos enfants : On leur apprend la haine de leur pays. N’est-ce pas assez déjà de les avoir éloignés de la religion de leurs pères ? »

Hans sortit sans répondre, mais il réfléchit à ces paroles malgré lui. Le germe toujours croît dans une terre préparée. Il se souvint des rapports de police au sujet d’Albert Freeman, et il songea à interdire à sa femme ces prétendus cours qui, peut-être, voilaient des rendez-vous politiques. Qui sait si, sous