Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je raconte ce que je sais, » répondit-elle doucement.

Il haussa les épaules.

« Vous vous moquez de mes ordres. D’ailleurs, je sais à quoi m’en tenir sur vos courses du matin.

— Mais, je ne me cache pas. Je vais au bois de Linden où est située l’école ; où est le mal ?

— Dans le mensonge. »

Michelle pâlit, l’insulte était directe, Hans avait l’œil enflammé de colère. Elle vit d’où venait le coup, et pour éviter aux petits un chagrin, elle les prit par la main, les conduisit sur la terrasse et referma sur eux la porte-fenêtre.

« Hans, une autre pensée que la vôtre dicte vos paroles, dit-elle très calme.

— Encore ! votre éternel système d’attaque et d’insulte. Ma sœur est plus patriote, plus sincère que vous.

— Vous êtes en colère, Hans, et à peine maître de vos paroles, souffrez que je me retire, plus tard nous causerons.

— Plus tard, quand le mal sera fait, irréparable, quand vous aurez trahi, vendu l’Allemagne. » Michelle ne répondait pas, elle gagnait la porte, alors il vint vers elle, la saisit brutalement par le poignet :

« Vous m’écouterez, vous n’irez pas retrouver vos amis et vendre mes secrets, je sais ce qui se passe à ces cours de catéchisme et avec quel monde vous avez rendez-vous !

— Mais vous devenez fou, vraiment, dit-elle froidement impassible, quoiqu’il lui meurtrît cruellement le bras.

— Parce que je vois clair, parce que je veux défendre mon nom de la honte, vous ne bougerez plus d’ici sans ma permission. »