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V


Au bout d’un assez long temps, la marquise, surprise de ne pas voir revenir sa petite-fille, appela Rosalie.

« Voyez donc, dit-elle, où peut bien être allée Mademoiselle, je crains qu’elle ne soit repartie courir au jardin, il se fait tard et c’est l’heure du souper. Cette petite n’a pas idée de l’obéissance. »

Rosalie n’alla pas loin, elle appela Tribly, sachant bien déjà qu’où était l’un serait l’autre, et quand elle vit le chien apparaître, s’étirant, ouvrant en un long bâillement sa gueule énorme, elle alla d’où il venait et trouva Michelle.

« La pauvre petite chatte est rompue de lassitude, dit-elle, venez donc voir, Madame la marquise, comme elle s’est bien endormie. Si je la portais dans son lit sans l’éveiller.

— Si vous en avez la force Rosalie faites-le, si non, éveillez-la et elle marchera seule. »

Rosalie se pencha malgré ses rhumatismes, et, d’un grand effort de courage, elle enleva l’enfant.

Alors, à travers les couloirs sombres, ce fut une course pénible, le pas traînant de la vieille et le bruit des ongles durs de Tribly sur les dalles, résonnaient en écho sous les voûtes. Au fond du chemin de ronde une porte était ouverte, elle donnait dans la tour Est du château, la tour du guetteur, et là, au rez-de-chaussée, on avait dressé un lit de fer, une table et un petit banc pour loger la fillette. Rosalie la déshabilla doucement, avec précaution, la borda soigneusement dans la couchette et puis comme elle crai-