Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/28

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gnit que l’enfant venant à s’éveiller n’eût peur, elle fit coucher Tribly sur la descente de lit.

Puis, se penchant sur Michelle, la servante déposa un baiser sur le front pur de l’orpheline en murmurant, une fierté au cœur :

« Je puis bien t’embrasser, ma fille, puisque tu as souhaité que je sois ta grand’mère. »

Après, elle reprit le long corridor de son pas traînant, toute remuée de cet élan de tendresse spontané de la fillette, ayant inné dans l’âme, ainsi que toute femme, l’amour de l’enfant.

Michelle dormit jusqu’au jour, les chauves-souris eurent beau voler au travers des petits carreaux de vitres brisées, les chats-huants se répondre en leur dialogue lamentable, rien ne troubla la paix de l’enfant endormie sous la garde des anges.

Il était jour déjà quand Michelle ouvrit ses grands yeux étonnés et les promena sur l’inconnu des choses. Où donc était-elle ?

Elle sauta à terre, tout de suite rassurée par le contact du poil chaud et lisse du bon Tribly couché au bas de son lit et sur le corps duquel ses petits pieds nus se posaient.

Elle courut à la fenêtre, des branches de lierre l’obstruaient, des vignes-vierges entraient rampantes et preneuses ; encore, l’enfant s’émerveilla ; tout était beau ici, la nature et les bêtes !

La porte s’ouvrant la dérangea, Rosalie, une tasse de lait en main, pénétrait le sourire aux lèvres tandis que l’enfant surprise courait se jeter au cou de la vieille servante :

« Paix, fit la bonne ravie, tu vas renverser ton déjeuner ! et puis veux-tu bien