Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/271

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lement déserte et désordonnée prouvait une fuite.

Alors, la comtesse se rendit à l’office. À sa vue, les domestiques se turent et pas un ne se leva.

« Où sont les enfants ? demanda-t-elle.

— À Rantzein, répondit Walter.

— À Rantzein ! depuis quand ?

— Depuis tout à l’heure ; ils viennent de partir. »

Et comme les gens silencieux baissaient la tête.

« Mais, parlez, vous me faites mourir.

Mlle Hartfeld a ordonné leur départ immédiat pour… pour…

— Pour que les fils du général Hartfeld ne soient pas salis par le contact de l’espionne ! » cria le cocher d’Edvig insolemment. Michelle comprenait à peine ; elle quitta l’office, remonta, et alla vers l’appartement de son mari. Elle se heurta à une porte close, elle frappa.

« Qui est là ? demanda la voix impérieuse de sa belle-sœur.

— Moi, je vous supplie de me laisser entrer près de mon mari. »

Un silence de mort répondit à ces mots.

Michelle de nouveau frappa sans succès. Elle fit le tour par le cabinet de toilette. Là, elle rencontra le docteur qui se lavait les mains. Il la toisa d’un regard méprisant, et, sans la saluer, passa devant elle pour rentrer près du malade. Alors elle le suivit. Hans, sur son lit, était sans mouvement, sans voix. La congestion avait paralysé les membres, ses yeux seuls vivaient. Ils se tournèrent vers Michelle avec une inexprimable angoisse, elle s’élança vers lui ! Mais Edvig lui barra le passage.

« Vous osez ! vous la plus méprisable des femmes, coupable de haute trahison et de la