Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/290

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Michelle ne se fit pas répéter l’invitation, elle enleva son fils, le posa sur le devant de la voiture et monta à son tour.

Ah ! quel sauveur venu à propos ! Maintenant, ou les menait-il ? Bah ! c’était toujours loin de Rantzein. Elle enveloppa de son châle — celui d’Elsa — son enfant, elle le soutint de son bras et :

« Dors, mon mignon, dit-elle, tu auras besoin de forces avant qu’il soit longtemps.

Vous allez dans la direction de Fribourg continua-t-elle en allemand, s’adressant à son voisin.

— Ma foi oui, répondit-il, avec un accent trahissant son peu d’habitude de la langue.

— Vous n’êtes pas Allemand ?

— Je suis Suisse, Madame, je vais à Fribourg où j’ai à embarquer un troupeau de moutons pour la France.

— De sorte, fit Michelle, heureuse de cette faveur inespérée, que vous pouvez nous conduire jusqu’à votre but.

— Très facilement. Tirez donc la peau de mouton sur vous, la nuit est fraîche, nous avons deux bonnes heures de route en ce pays de côtes. »

La fugitive accepta l’offre avec satisfaction, elle entoura Heinrich soigneusement, l’enfant dormait déjà, las d’émotions. Alors elle reprit :

« Vous êtes bon, vous devez être père.

— Ah ! bigre oui, j’en ai des mioches, c’est