Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/298

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« Mère bien-aimée, lut-elle pendant que le lourd véhicule descendait l’avenue des Ternes, tu n’as pas idée de ma joie. J’avais ce matin mon église pleine, mon église bâtie avec les douze cents francs que tu m’as envoyés. Ce chiffre pour une église t’étonne, et pourtant il est exact. Nous ne sommes pas logés comme des princes, mais en attendant le palais que le bon Dieu nous réserve dans le ciel, nous sommes campés. Ma pensée ne te quitte guère, mère, et je suis heureux que tu sois réunie à mon oncle, vous êtes ainsi moins seuls tous deux et vous parlez ainsi ensemble de l’absent qui chaque jour, au pied de l’autel, prie pour vous.

J’ai écrit à Minihic, je lui ai envoyé des chinoiseries pour mon filleul.

Si vous avez des nouvelles de la vaillante femme qui m’a soigné en Allemagne et vis-à-vis de laquelle j’ai été si prodigieusement injuste, ainsi que vous me l’avez appris en me contant ce qui s’était passé entre vous et le général à l’ambulance du château de Voisins… »

Ah ! que ces mots me font de bien, murmura Michelle.

« Donnez-m’en. Je voudrais la remercier, me faire pardonner mon ingratitude, je demande pour elle à Dieu la couronne éternelle !

Je vous écris sur du papier étrange, n’est-ce pas ? je n’ai rien de mieux, une misère