Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

inouïe nous accable, nous avons un toit à notre maison comme un écumoir et quand nous mangeons ce sont des œufs pourris, des chiens… on vit tout de même.

Je suis devenu homme d’intérieur, je lave mon linge, je fais cuire mon riz. Chers parents aimés, je suis bien heureux, mon chemin du ciel est montueux, mais je l’espère, assez court, car je me sens très affaibli ces temps.

Je vous vénère et vous aime tous deux du

plus profond de mon cœur en Notre-Seigneur[1].

Georges. »

Des larmes noyaient les yeux de Michelle à la fin de cette lecture. Elle n’eut que le temps de les essuyer, l’omnibus s’arrêtait et Mme Rozel l’appelait en hâte pour descendre.

« Voici votre lettre, chère Madame, je vous remercie de votre confiance à mon égard, vous avez mis du baume sur ma blessure avec ces lignes où je vois que justice m’est enfin rendue au moins d’une part.

— Patience, l’autre viendra.

— Sûrement, fit la comtesse avec conviction.

— Nous sommes arrivées, c’est à deux pas, rue Demours. »

L’arrangement des cours était fait d’avance, Michelle n’eut qu’à se présenter pour être agréée. Quant aux traductions, le curé de Saint-Ferdinand les lui donnerait lui-même, étant l’ami intime du secrétaire de l’Académie.

Restait maintenant à voir le logement.

Un rez-de-chaussée au fond d’une cour avec une petite terrasse de deux mètres, où poussaient quatre rosiers. Si modeste que

  1. Cette lettre est authentique.