Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/301

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jour, quelques mois après ces événements dont toute sa vie était ébranlée, il alla se planter devant sa tante et lui dit d’un ton ferme :

« Tante Edvig, je veux aller à l’Université. »

Elle leva les bras au ciel.

« Que dis-tu ? tu songes à me quitter ?

— La maison est trop grande.

— Mais si tu pars, mon neveu, elle le sera plus encore.

— Vous l’avez rendue telle, tante Edvig.

— Ingrat ! Est-ce moi qui ai fait partir ton frère ?

— Non, mais le petit n’a pas su s’habituer à n’avoir ni père, ni mère, il a fui, je ne sais pas comment ; j’espère qu’il a retrouvé maman.

— Ah ! pas moi, par exemple.

— Si, car alors il serait mangé par les loups ou volé par les bohémiens. »

Edvig avait déjà pensé cela, mais pas plus que Wilhem, elle ne savait la visite de Michelle. Toute la police avait été mise sur pied, toutes les dépendances de Rantzein étaient fouillées ; les bois, le pays à vingt lieues à la ronde avaient été explorés. On ne trouvait rien naturellement. Le départ de la mère coïncidait avec celui du fils, voilà tout ce qu’on savait, mais nul ne les avait vus, nul ne connaissait la direction qu’ils avaient prise, personne ne les avait aidés.