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Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/300

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soit ce pauvre logement, ces fleurs lui donnaient l’air gai, Henri fut charmé :

« Mère, je bêcherai le jardin ! » s’écria-t-il.

Une autre porte vitrée donnait sur ce minuscule parterre et sur les vitres on lisait ces mots : « Blanchisseuse de fin. »

Ce voisinage ne plut guère à la comtesse Hartfeld, Mme Rozel le vit.

« Sans doute, dit-elle, vous aurez à subir un contrôle gênant ; mais à Paris on s’occupe peu les uns des autres ; de plus, cette femme est très honnête ; notre ami, le curé de Saint-Ferdinand, la connaît, il a son fils comme enfant de chœur. »

Michelle haussa les épaules, indifférente.

« Que m’importe, dit-elle, pourvu que je gagne notre pain quotidien, je me trouve ici dans mon milieu, auprès d’une travailleuse comme moi, et le Seigneur, je crois, ne créa pas le monde en échelons. »


VIII


« Je vous chasse tous, » criait Mlle Hartfeld à ses serviteurs épouvantés, quand on lui apprit à son retour à Rantzein la disparition d’Heinrich. Peu s’en fallut qu’elle ne s’en prît à Wilhem et à Frida.

Chez le fils aîné, la douleur avait été vive. Malgré son courage d’enfant mûri avant l’âge, il ne put retenir ses sanglots.

Seul, désormais, son père, sa mère, tous l’abandonnaient. Son jeune camarade de jeux fuyait sans un mot d’adieu, sans le prévenir, sans le consulter. Un garçon si doux, si aimant, avec lequel un secret n’était pas possible. Comment cela se faisait-il ?

Et il ne put jamais le deviner, la nourrice se donnant garde de faire une révélation compromettante pour elle.

Wilhem devint encore plus grave. Un