Aller au contenu

Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Wilhem sortit sans mot dire, sans voir qu’un geste d’appel de sa tante quêtait un baiser.

Il alla, ainsi qu’il le faisait souvent, dans la chambre de sa mère.

C’était une sorte de pèlerinage qu’il accomplissait au milieu des objets familiers et aimés.

Tout de suite, il constata l’absence de la photographie de son père… il vit au petit bureau la clé où d’habitude elle ne demeurait pas.

Il ouvrit. Les rouleaux d’or étaient intacts, mais les pieuses reliques que souvent sa mère lui avait montrées avaient disparu. Alors il comprit tout.

Mère est venue, se dit-il, je dormais, moi. Heinrich pleurait, ainsi que chaque soir, l’absence du bonsoir maternel. Il l’a vue, il l’a suivie, il a emporté ses billes, son couteau, sa bourse. C’est cela, ils sont ensemble ; tant mieux, mon pauvre petit frère n’est pas mangé par les loups ou battu par les bohémiens. Pourquoi ne m’a-t-il rien dit ? Je ne l’aurais pas empêché de partir, j’aurais embrassé mère au moins. Je ne peux pas partir, moi. Lui le pouvait ; il n’est pas le comte Hartfeld, lui ! Il ne sera jamais général ! Peut-être qu’il va m’écrire ? En tout cas, je vais le faire moi, j’enverrai ma lettre chez grand-mère, elle doit savoir où ils sont, Heinrich saura au moins que je ne lui en veux pas trop. Tout de même, comme ils m’ont tous quitté !

Des larmes venaient aux yeux du pauvre garçon, il les refoulait tant qu’il pouvait parce qu’un homme ne doit pas pleurer. Alors il s’en alla pour se distraire dans la salle d’armes tirer avec son précepteur. L’ar-