Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/345

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peine feuillés n’abritaient pas de l’âpre vent du Nord. Le jeune homme, son fusil sur l’épaule, se mit à arpenter le terrain répétant son cri.

Et, tout à coup, une voix lointaine s’entendit ainsi qu’un écho répétant :

« Houhou ! »

Henri voulait s’élancer, mais le soldat l’obligea à rétrograder, à ne pas franchir la limite assignée au terrain neutre.

« On se dirait en guerre, fit le jeune impatient, tendant les bras vers l’officier, dont il apercevait la haute silhouette au sommet de la colline.

— Quelle bonne chance ! s’écria Wilhem ; tu as eu ma lettre à temps. »

Ils s’étreignirent et marchèrent ensemble entre les ceps du versant pour ne pas refroidir sous cette bise âpre.

« Tu sais, Wilhem, mère est ici, dans ce bouquet de sapins ; veux-tu venir ? quelle joie ce serai pour elle !

— Impossible, à mon grand regret, je ne dois pas franchir la frontière.

— Et tante Edvig ?

— Elle n’est pas trop heureuse, la pauvre tante, elle se trouve bien seule. Quand Frida sera mariée et partie, sa vie deviendra triste. Je reviendrai bien la voir autant que possible, mais ce ne sera plus la même chose. Elle souffre beaucoup de ne pas nous avoir auprès d’elle. Tiens, elle est là, tout près, elle aussi, la pauvre femme !