Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/35

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Elle écrivit donc à sa mère qu’elle revenait s’installer près d’elle à la Roche-aux-Mouettes.

« Michelle, dit un matin la marquise à sa petite-fille, pendant qu’un beau soleil d’août éclairait une mer calme d’un bleu foncé, ta mère arrive ce soir.

— Maman ! »

L’enfant ouvrit de grands yeux. Cette mère, elle l’avait presque oubliée, priant pour elle chaque jour, sans songer jamais à souhaiter sa venue ; pourtant, à cette nouvelle quelque chose vibra en elle et elle s’écria :

« Maman ! ah ! enfin. C’est à peine si je me rappelle son visage. Je vais être bien heureuse de l’embrasser ! »

La grand’mère secoua la tête. Sa joie à elle s’atténuait à la pensée de ce surcroît de charges, de cette énorme difficulté qui surgissait encore, mais elle ne voulut pas attrister sa petite-fille, elle dit simplement :

« Va prévenir, Lahoul, mignonne, pour qu’il aille chercher ta mère à la cale de Dinan et toi, si tu le peux, va jusqu’à la gare. En passant par l’église de Saint-Malo rentre et prie saint Antoine de Padoue, j’ai réellement bien besoin qu’il me fasse trouver des ressources. »

Elle dit ces mots tout bas comme honteuse, et Michelle comprit, eut un beau sourire et répondit gaîment.

Aux petits des oiseaux il donne la pâture
Et sa bonté s’étend sur toute la nature

Elle courut d’un trait chez le pêcheur, il était justement en train de ranger ses poissons dans les paniers que sa femme et son fils devaient porter et vendre au marché de Dinard. La fillette s’émerveilla à la vue des