maquereaux argentés, des langoustes violacées, des larges raies au dos épineux ; de gros crabes marchaient de côté, les pinces ouvertes et sur toutes ces bêtes de la mer, le marin jetait du goémon humide pour les préserver des rayons ardents du soleil.
Il sourit à sa visiteuse, la petite Mouette toujours pour lui.
« Mon vieil ami, dit l’enfant joyeuse, je vous accompagnerai tantôt pour chercher maman au train de 6 h. 15 à la gare de Saint-Malo.
— Ah ! fit le matelot, comme ça, faudra qu’on aille aborder au grand Bay à cause de la marée, le port sera à sec.
— Tant pis, je vous laisserai dans l’Alcyone et j’irai seule au chemin de fer.
— Oui dont, répondit le malouin en son dialecte du pays, seulement j’ai quelques casiers à lever vers l’île Harbour et si vous voulez, on partira plus tôt.
— Quel bonheur ! Pour sûr je ne serai pas en retard. À quelle heure faut-il embarquer ?
— Dame, d’ici à Saint-Malo, si le norouà[1] continue, faut compter une demi-heure en passant sous la tour du jardin pour voir à mes engins. Du grand Bay à la gare, vous avez un rude bout de chemin à faire à pied.
— Ça ne m’inquiète guère.
— Donc, à 3 heures, Mademoiselle, on démarrera.
— Bon, c’est entendu, mon vieux. »
Michelle reprit sa course le cœur mis en joie.
Elle allait légère, vive, étrangement mise pour son âge avec sa robe de toile bleue liserée de blanc qui lui venait à la cheville,
- ↑ Vent de Nord-Ouest, terme de marine.