Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Henri ne savait plus ce qu’il faisait, dévalant les pentes, retrouvant son pasteur, fouillant la barque, le coteau de vignes. Un appel sonna. Il eut un geste de découragement et se laissa tomber sur les feuilles mouillées, à demi fou de désespoir.

Tout à coup il bondit, revoyant l’appartement de sa tante, le coin, près de la cheminée, où il avait posé son arme.

Là, elle était là !

Et il reprit des forces ; il manquerait l’appel, soit, il aurait une punition. Ce serait tout, mais il retrouverait le fusil, et l’accusation terrible il l’éviterait. Ses jambes étaient brisées d’émotion et de lassitude, il courait quand même, pris de vertige. Il tomba presque à la porte du pasteur.

Personne n’était levé encore, on n’ouvrait pas à son heurt. Alors il entra dans le jardin en escaladant un petit mur à hauteur d’appui, et courut à la porte-fenêtre donnant accès dans la chambre de sa tante. Cette porte était ouverte et la chambre était vide ! Le coin où il avait posé son fusil était désert. Le lit n’était pas défait, et nul n’était plus là.

« Allons, je suis fou », se dit le jeune homme.

Et à pas lents, cette fois, il reprit le chemin de France.

« Je vais aller embrasser mère, murmura-t-il, puis je tâcherai de mourir pour éviter le déshonneur. »

Une sonnerie éclata.

C’était le pansage des chevaux. La fumée du feu se distinguait plus sombre dans la