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Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/354

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François courait toujours ; à présent, il allait vers le bois où il savait cachée la comtesse Hartfeld.

« Henri sera là, se dit-il, il a été se jeter vers ce refuge maternel. »

Soudain, il trébucha. Dans les feuilles jaunies, épaisses, couvertes d’une buée blanche, quelque chose d’inerte l’avait arrêté ; il se retint de ses mains et eut un cri de triomphe.

« Henri ! Mais quoi ? tué ou évanoui ? »

Il le secoua rudement, et l’autre finit par ouvrir les yeux, abruti de lassitude et de sommeil ; après une pareille nuit, il restait ahuri, glacé.

« Mais lève-toi, ce n’est pas l’heure de paresse, je te le jure ; le voilà, ton fusil.

— C’est le tien que tu me donnes.

— Non, c’est bien ton numéro, vois. Le mien est là-bas. Allons, on part, lève-toi. »

Henri claquait des dents, secoué d’un tremblement ; il étreignit son arme, essaya de marcher, poussé, entraîné, galvanisé par la volonté de son ami, qui le jeta dans le camp, où il s’écroula à bout de forces, mais sauvé !

Le colonel allait et venait au milieu des soldats ; depuis une heure il ne vivait plus, n’ayant aperçu aucun de ses deux protégés. Il retardait autant qu’il pouvait son départ ; il ne disait mot ; lui, si gai d’habitude, avait un pli d’angoisse au front.

« Que font-ils là-bas ? » grommela-t-il.

Quand il aperçut les deux jeunes gens, l’un traînant l’autre, hagard et blême, il