Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/361

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tendu les bras avec sincérité et repentir, vous serez heureuse à votre tour.

— Que ferai-je malade et seule ici, toute l’année ?

— Je serai souvent près de vous, mes études de théologie me laisseront des congés fréquents ; mais voulez-vous que ma mère passe quelques mois à Rantzein ? Elle y consentira volontiers.

— Michelle ? mais je l’ai chassée.

— Oh ! elle a pardonné. Notre foi repousse la haine et la rancune. »

La vieille Allemande ne répondit pas, elle luttait contre un reste d’orgueil.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il se brisa cependant. Et le premier acte qu’accomplit Wilhem le jour où il eut la gloire de faire partie, ainsi qu’il le disait, de l’armée du Christ, fut de recevoir l’abjuration de sa tante.

Wilhem fit élever à Rantzein une chapelle catholique, on l’inaugura avec une grande pompe, toute l’harmonie joyeuse du culte catholique fut mise en œuvre, et bientôt des villages voisins on accourut, attiré par la beauté du culte, la charité et l’exemple des habitants du château. La conviction naissait, elle grandit de jour en jour.

Et quand Michelle prie seule, le soir, dans ce sanctuaire, dont on peut dire qu’elle posa la première pierre le jour où, jeune femme, elle vint à Rantzein, elle sent son cœur déborder d’amour et de reconnaissance.

« Seigneur, dit-elle, reprenez votre servante, car sa tâche est accomplie. »


FIN
Renée Gouraud.