Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tresse, et il s’attendrissait à la pensée de la vaillance fière de ces femmes. Il se demandait par quel moyen aider, alléger le fardeau de cette jeune fille dont il devinait l’énergie souriante et dévouée. Et il le trouvait peut-être en son cœur, pendant que le soleil, à l’horizon, rougissait la mer, embrasant les vagues dans lesquelles il plongeait lentement ; que le vapeur de Jersey envoyait son panache de fumée dans l’air calme, et que la marée montait doucement, presque sans bruit. Déjà des chats-huants se répondaient au donjon…

Rosalie avait fini par reprendre le chemin de sa cuisine, laissant l’étranger à son admiration pour le splendide panorama de la baie, et lui, à présent, descendait à regret de son observatoire. La cour du château maintenant était déserte. La famille s’était réunie dans la vaste salle à manger au plafond voûté, aux boiseries gothiques et là, réunies autour d’une table en chêne massif où des galettes de blé noir fumaient auprès d’un pichet de cidre, les trois femmes causaient.

Le visiteur vit ce tableau par la porte ouverte et, appelant Rosalie :

« Prenez ceci, dit-il, mettant un louis dans la main de la Bretonne, et puis, voici ma carte pour votre maîtresse, veuillez-la lui remettre.

Il traversa la cour de son grand pas ferme, tandis que Rosalie s’acquittait de sa commission et, stupéfaite, à la lueur de la lampe, la vieille servante constatait la valeur de son pourboire.

« Ah ! Madame la marquise, c’est un louis qu’il m’a donné ! pour sûr il s’est trompé le bon Monsieur, il a cru m’offrir un franc.

— Peut-être ma fille, si tu courais l’appeler ? »

La bonne femme à ces mots fit une gri-