Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/70

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Michelle écoutait, répondait gaiement, avec l’intention de bonne grâce qu’elle eût mise à jouer avec un bébé et sortit enfin libre d’être seule, de penser en paix, de mettre en balance les deux devoirs de fille et d’épouse. Sa résolution fut d’avoir recours à l’extrême franchise, de parler à cœur ouvert avec cet inconnu, de ne lui laisser rien ignorer et d’attendre ensuite son acquiescement ou son refus. Alors, sans coquetterie aucune, avec sa belle sincérité naïve, elle alla au-devant de lui sur la falaise. Elle n’avait plus peur à présent. La gamine s’était subitement mûrie.

Cependant, elle tressaillit, quand, de loin, elle vit venir la haute silhouette du comte Hartfeld ; elle leva au ciel un regard suppliant et, bravement résolue, elle fit quelques pas en avant.

« Je vous attendais, dit-elle simplement, je voulais moi-même vous répondre.

— J’espère que c’est d’un bon augure, petite Mouette, répondit-il, souriant, la main tendue. Voulez-vous que nous nous asseyions ici, dans ces bruyères ; sauf les hirondelles de mer qui pourront au passage recueillir nos paroles, je ne vois aucun indiscret.

— Je le veux bien. J’aime mieux vous dire