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Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/71

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tout de suite, en une seule fois, ce qui me préoccupe, me fait souffrir.

— Oh ! dites-le moi vite ; mon plus cher désir est de vous éviter tout souci. Dites votre pensée en toute confiance.

— Je ne voudrais pas que grand’mère sache ce que je viens vous dire, parce qu’elle trouverait peut-être dans mes paroles quelqu’atteinte à sa dignité ; mais je dois vous expliquer une situation, un peu humiliante pour nous.

— Rien ne peut vous humilier vis-à-vis de moi, cher oiseau sauvage ; si vous daignez venir réjouir mon aire par votre présence, c’est moi qui vous devrai toute reconnaissance.

— Vous emmenez l’oiseau bien loin, mais que deviendront en la cage, celles que son chant réjouissait ? Qui aura soin de leurs vieux jours ? qui pourvoira au grain ? »

Il se retourna vers elle, une anxiété transparaissait dans son accent, il vit son effort, sa détresse et ne voulant pas de longues phrases sur un sujet, que, dans sa pensée, il avait depuis longtemps tranché, il répondit, très sérieux :

« Michelle, soyez tranquille, je prends peut-être, en effet, à ces vieilles ruines leur rayon de soleil ; mais, soyez certaine que, d’une manière palpable, je pourrai le remplacer. Votre mère avoue sa douleur de vivre ici, loin de Paris, dans une situation précaire. Eh bien, dès maintenant, son souhait est réalisé, si vous le voulez. De votre décision dépend son avenir. Je puis, dès ce soir, télégraphier à mon banquier de Paris de passer à son ordre un chèque de cent mille francs. »

L’enfant, à ces mots, cacha son visage