Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/89

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moments de liberté, et s’il s’agit seulement de relations mondaines…

— Ce que je vous offre est plus sérieux, Rita. Le prince Alexis désire vous épouser, et sa mère, avant d’y consentir, veut vous juger dans l’intimité. »

Je fus grandement surprise, mais très heureuse. Moi aussi, j’avais vu ce jeune homme ; sa noble physionomie m’avait captivée, ses attentions à l’égard de sa mère, son empressement filial me convainquirent de ses bonnes qualités. Peu de mois plus tard, j’étais princesse Rosaroff et ce n’était pas pour le prince une mésalliance, car les Spagliesi-Corte sont de noble race et de vieille souche. Ma famille avait seulement été trahie par la fortune. Le prince adopta mon fils, il y a peu d’années, quand il eut perdu tout espoir de voir notre union bénie par la venue d’un enfant. Je ne connais pas d’âme meilleure et plus belle que celle d’Alexis, et ma tendresse et ma reconnaissance pour lui sont immenses. »

Michelle avait écoulé ce récit avec grand intérêt, l’histoire de Rita offrait quelque analogie avec la sienne. Dans la famille de son fiancé, on avait vraiment le sentiment de justice. Les hommes ne cherchaient pas la fortune dans une dot, ils songeaient avant aux qualités de la femme choisie. Elle reprit après un silence :