Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/90

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« Et votre fils maintenant, qu’est-il devenu ?

— Max est à l’école navale de Cronstadt, nous sommes tous un peu marins dans la famille. Notre yacht nous promène par le monde. Le prince aime extrêmement la mer, et quand nous avons vécu quelques mois à Saint-Pétersbourg, où sauf des intérêts matériels, rien ne nous attache, nous avons hâte de revoir les horizons sans fin, d’écouter la voix mystérieuse des vagues. Vous n’avez pas idée des heures délicieuses que nous passons dans les solitudes des mers en face de la majesté de l’univers, tout près de Dieu. C’est la vraie vie des rêveurs et des croyants comme nous. Le prince et moi sommes tellement liés de pensées, notre foi est tellement identique, que certainement, dans peu, j’obtiendrai de lui qu’il accomplisse la cérémonie d’abjuration qui n’est plus qu’une formalité, puisque la conviction est née et la pratique exercée. L’heure n’est pas éloignée d’ailleurs, où tous les orthodoxes russes se rallieront à nous. Le mouvement catholique s’accentue sans cesse, dans la haute société, et une prédiction nous annonce ce grand bonheur.

— Mon pays vous a plu, puisque vous y avez fait escale ? demanda Michelle en souriant.

— Nous y avons été poussés, chère enfant, par le souffle de votre destinée. La providence nous a conduits ici à cause de vous.