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Gouraud d'Ablancourt et Paule Gourlez



EN ARAGON




CHAPITRE I

EN ROUTE


Le ciel est d’un bleu implacable. Le soleil éclaire de ses rayons de feu les vastes plaines désolées, dont quelques champs disséminés viennent à peine rompre la monotonie. C’est tout au plus si on distingue ces maigres essais de fertilisation au milieu des terres incultes et brunâtres. Leur végétation brûlée sert de pâture à des troupeaux de moutons couleur poussière. Cette teinte grise ou jaune foncé, partout répandue, donne à la campagne un aspect de choses mortes, comme si la chaleur trop intense avait détruit la vie. L’été torride vient de passer là !

Accoudée à la portière du train qui file, Madeleine contemple cette vue désertique. Combien elle donne raison à une affirmation souvent répétée : « L’Afrique commence au-delà des Pyrénées ! »

Cependant il ne s’agit pas du midi ni même du centre de La Péninsule : L’express vient de quitter Pampelune, et les cimes violettes de la grande chaîne, se détachent à l’horizon, éclairées de cette lumière brillante, intense, unique, qui permet de distinguer jusqu’aux plus petits détails.

Celle qui regarde ainsi fuir le paysage morne, est une jeune française. Élégante dans sa simplicité, son costume de voyage gris dessine une taille peu élevée, mais souple et bien prise. Un chapeau tyrolien, crânement posé sur des cheveux couleur de blé mûr, en cache les lourdes nattes ; quelques boucles