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Page:Gouraud d’Ablancourt - Un éclair dans la nuit.djvu/66

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lui ai écrit, je pense même qu’il vient ici à cause de moi. C’est un grand cœur, digne de nous. Sa grand’mère est parfaite, tu en jugeras. Seulement il né faut pas qu’il nous compromettre vis-à-vis des clients. Je vais lui envoyer mes recommandations. Ecris la lettre commerciale, moi j’ajouterai celle de l’amitié.

Au jour convenu, l’aïeule et le petit-fils arrivèrent par le train direct de Paris, à 7 heures trente. Deux chambres au premier avec vue sur la mer et un petit salon étaient préparés pour eux. Suivant son emploi, Tancrède alla ouvrir la première portière de la voiture dès qu’elle fut arrêtée devant la grande porte du hall. A cette heure matinale, il n’v avait encore que de rares baigneurs à flâner au rez-de-chaussée. Mme Clélie, qui avait veillé jusqu’à minuit, n’était pas encore levée, seule Mme Luçon s’avançait au-devant des visiteurs. Les deux amis avaient échangé un regard affectueux. Tancrède avait saisi les sacs de voyage et il les montait à l’étage suivi de la femme de chambre, tandis que Mme Consouloudi et son petit-fils prenaient l’ascenseur, en compagnie de Mme Luçon. La maison était de grand style, très calme, très luxueuse. Les quatre pièces mises à la disposition des Consouloudi réalisaient l’absolu confort. Aussitôt que ces derniers furent* entrés dans leur appartement avec la gérante et son fils, Onda ferma vivement la porte et prenant Tancrède par le cou, l’embrassa sur les deux joues. — Mon vieux, je suis joliment content de te retrouver, quel charmant Breton tu fais.

Tancrède souriant saluait très bas Mme Consouloudi qui lui tendait la main :

— Merci de votre accueil, Madame, permettez-moi de vous présenter ma mère.

Le visage de la voyageuse s’éclaira : — Tous mes compliments, Madame, j’ai déjà pu apprécier votre enfant et je vous assure que j’admire grandement votre courage et votre dignité. Nos garçons se sont connus et appréciés à l’âge où l’on ne sait pas dissimuler, leur amitié est réelle et de celles qui résistent aux surprises de la vie.

— Vos paroles me touchent infiniment, Madame, je sais aussi combien vous avez été parfaite pour Tancrède. Merci de tout mon cœur.

Un garçon qui apportait les malles coupa court à la conversation. Mme Luçon n’avait d’ailleurs pas le temps de s’attarder, sa besogne la réclamait en bas. Elle sortit aussitôt.

— Surtout ne me trahis pas, recommandait le cycliste, ici je ne suis qu’un serviteur, le tien... Ton père, ta mère, ta sœur, ne peuvent donc pas venir ?