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UN ÉCLAIB DANS 1-1 NUIT

cœur, avec un intense émoi, comme si ce son l’avait transpercée. Elle accourut, vivement sous la coupole de bronze, tira elle-même la chaîne. Deux, trois sons s’épandirent :

— Oh ! cette voix !

Et l’aïeule s’appuya chancelante contre le mur couvert de vigne-vierge. Le groupe continuait sa visite sans s’occupait d’elle. Onda attentif écoutait le cicérone qui, mêlant les époques et les gens, agrémentait de pas mal d’invraisemblances sa description. Mais la plupart des assistants ne s’en apercevaient pas.

« Les chevaliers de la Table Ronde, Mesdames, Messieurs, se réunissaient dans la forêt que vous voyez, là-bas. Ils se nommaient ainsi parce qu’ils buvaient le « singral » sur une table de pierre parfaitement circulaire.

— Qu’est-ce que le Singral ? demanda une dame curieuse ?

— Une liqueur dont ma femme a encore la recette et qui est souveraine contre la peur.

— Le « Singral >:, se dit Onda, ne voudrait-il pas dire le Saint-Graal... ?

Mais le guide continuait : « Le chevalier Tancrède de Luçon, qui bâtit la forteresse vers l’an 1200, s’en alla en terre sainte quand elle fut achevée. Il rapporta de là un grand morceau de la Vraie Croix, qui est toujours resté dans la famille, enfermé dans un reliquaire d’or. Moi qui vous parle, j’ai vu naître le jeune Tancrède, vingt-deuxième du nom, dans la chambre du Nord et quelques années plus tard, sa sœur Hermine. Et puis tous ont disparu, mes maîtres ne sont jamais revenus. J’ai été compris dans la vente du château et des terres, avec les chouettes et les chauves-souris qui chantent la nuit dans les ruines du donjon. Si vous voulez me suivre, Mesdames et Messieurs, je vas vous montrer la chapelle où qu’ont été baptisé tous les Luçons. On mettait pour la cérémonie le reliquaire sur la poitrine du nouveau-né.

— Et où est-il le reliquaire ? questionna un auditeur.

— Il est sans doute encore dans sa cachette, Monsieur.

— Où est la cachette ?

— Cela, Monsieur, je ne l’ai jamais su, mais je pense que lorsque le château a changé de maîtres, le fantôme qu’on voit la nuit de la Saint Tancrède se promener sur le donjon, l’a gardé. Des femmes qui étaient à une veillée de fête l’ont, aperçu qui brillait au cou du revenant. A présent, Mesdames et Messieurs, vous pouvez vous promener dans le parc, si vous voulez bien ne pas oublier l’historien...

Il tendait sa casquette où chacun déposait un pour¬