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LA BELGIQUE LITTÉRAIRE

grand problème économique du dépeuplement des campagnes traité par un poète. Mais ce n’est pas un traité, c’est une vision. Le poète contemple non ce qui est, mais ce qui serait dans l’avenir si ce mouvement continuait. Et n’y a-t-il pas quelque chose de prophétique dans cette vision d’horreur et de désert ? Vingt ans, il n’y a que vingt ans de cela et la Belgique est ravagée et dépeuplée, sans métaphores, les champs sont abandonnés, la population a fui, non vers les villes industrielles, qui n’existent plus, mais vers les terres étrangères, hospitalières à sa détresse. Il faut peut-être lire Verhaeren, comme on lit un prophète. Voyez le titre d’un autre de ses poèmes, Villages illusoires. N’est-ce pas l’état même de ce pays dont les villages ne sont que ruines et ruines incendiées, que