Page:Gourmont - La Belgique littéraire, 1915.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
LA BELGIQUE LITTÉRAIRE

de pleurs, dirais-je, et sanglots de rire, mais surtout sanglots de vie où l’on distingue l’étonnement et la joie de s’être enfin trouvé. Je n’ai aucunement connu Verhaeren au temps de sa jeunesse, mais je sais qu’il inspirait une grande admiration à ses amis. On sentait en lui non seulement une force actuelle, mais une force future et on lui prédisait les destinées qu’il a remplies. Il entrait dans la gloire définitive, les malheurs de sa patrie ont avancé l’heure. Le monde entier sait maintenant que ce petit pays persécuté par la force brutale avait nourri les plus grands esprits, des Maeterlinck et des Verhaeren. Il sait aussi, ou il saura demain, car on ne lui a pas encore dit assez haut, que derrière ces étendards s’avançaient, comme en une riche procession flamande, les