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VAN LERBERGHE ET LES AUTRES POÈTES

Or Vénus une nuit vint m’apporter des roses.

La mélodie des sirènes est délicieusement sensuelle ; on les voit glisser sous la vague et l’une

Désire l’autre et cherche aux profondeurs des flots
Colle dont le parfum fit plus tiède les eaux,
Et dont le cri voilé lointainement appelle,
Et soudain toutes deux se trouvent et se mêlent
Comme deux vagues qui se rencontrent et roulent
Ensemble, écument, crient, éclatent et s’écroulent,
Et sans doute est-ce là ce qu’on nomme l’amour.

« Poète de l’ineffable », a dit de lui son ami et son biographe, son explicateur, Albert Mockel. Chez lui tant de trésors échappent à la critique et ne relèvent que du cœur. Il faut lire sa Chanson d’Ève et ne pas la commenter. Elle ne peut vraiment se comparer à rien (sauf à la poésie de Dante Gabriel Rossetti, dit justement en note M. Heu-