Page:Gourmont - La Belgique littéraire, 1915.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
LA BELGIQUE LITTÉRAIRE

mann de qui j’emprunte cette citation) ni à une peinture de Botticelli, ni à une symphonie ; elle est bien un peu tout cela, mais surtout, dans une atmosphère diaprée et irisée, l’éternelle chanson de l’âme humaine… En elle se devinent les velléités, les indécisions, les pudeurs, les désirs, les témérités, les triomphes, les ivresses de la vie, puis ses désillusions, ses lassitudes… Le paganisme de van Lerberghe est nimbé d’un mysticisme édifiant, les descriptions capiteuses de son éden semblent purifiées par la caresse des anges et les voluptés terrestres comme spiritualisées… À l’admirable Chanson d’Ève, je dois d’avoir éprouvé, peut-être, le sens mystérieux de ces mots : « Puissance de la grâce ».

De poètes, la Belgique était pleine,