Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

doublement glorieuses dont le fastueux siècle de Louis XIV est le modèle vénéré : après quoi, quelques instants de réflexion nous imposeront une opinion assez différente de celle qui demeure et qui passe dans les manuels et dans les conversations.

Bossuet le premier imagina de juger l’histoire universelle, ou ce qu’il appelait ainsi naïvement, d’après les principes du judaïsme biblique : il vit crouler tous les empires où la main de Jéhovah s’était appesantie. C’est l’idée de décadence expliquée par l’idée de châtiment. La philosophie de Montesquieu, plus compliquée, est peut-être encore plus puérile : on ne cite qu’avec une sorte de dégoût un historien qui fait commencer la décadence de Rome à l’aurore des admirables siècles de paix qui furent peut-être la seule époque heureuse de l’humanité civilisée. Il faut presser la signification des mots ; alors on aperçoit qu’ils ne détiennent aucun sens et que des écrivains mémorables en usèrent toute leur vie sans les comprendre. Mais si contestable ou du moins si vague que soit l’idée générale de décadence, elle est claire et arrêtée en comparaison de l’idée plus restreinte de décadence littéraire.

De Racine à Vigny, la France ne produisit aucun grand poète. C’est un fait ; une telle période