Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/144

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tifex maximus ; ils étaient vraiment à la fois le successeur de saint Pierre et le successeur du grand-prêtre de Jupiter Capitolin : Luther et Calvin, les grands affirmateurs de l’Évangile, les durs sectateurs de saint Paul, les ennemis de Rome et de la gloire romaine, entraînèrent toute la chrétienté dans leurs erreurs tristes ; le catholicisme, se niant lui-même, accepta le sacrifice d’un de ses éléments naturels ; il détruisit lui-même l’un de ses principes de vie, et, vaincue, l’Église devint peu à peu ce qu’elle est aujourd’hui, un protestantisme hiérarchisé, aussi froid, aussi haineux de tout art et de toute beauté sensible, mais d’intelligence moins libérale, peut-être, plus recroquevillée encore, soumise à la fois à un passé qu’elle respecte sans l’aimer, et à un présent qui épouvante sa décrépitude.

En France, au XVIIe siècle, la réaction contre le protestantisme se fit dans un paganisme moyen, élégant et superficiel ; après la crise janséniste, il y eut une nouvelle réaction de la liberté, mais elle se fit dans la débauche et dans la littérature galante ; le moment philosophique fut bref et sans influence populaire ; après la période d’abêtissement sentimental provoqué par les ridicules disciples de Jean-Jacques, Chateaubriand retrouva d’un seul coup le catholicisme, le moyen