Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/162

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et les angoisses du Jugement dernier ! Quelle erreur d’avoir fait intervenir dans une œuvre d’art et de mysticisme, comme la Cathédrale, la science facile des lectures patientes ! Après tout ce qu’il a relevé dans les bestiaires et les volucraires, dans l’éternel Physiologus du moyen âge, il reste bien démontré que, hors des textes originaux, la symbolique des bêtes ou des plantes, qui affola l’Église jusqu’au XVIe siècle, apparaît telle qu’un amas incohérent de créances inanes : « Pour lui (le pseudo-Hugues), le vautour caractérise la paresse ; le milan, la rapacité ; le corbeau, les détractions ; la chouette, l’hypocondrie ; le hibou, l’ignorance ; la pie, le bavardage ; la huppe, la malpropreté et le mauvais renom ». Et l’on continue ainsi, en assignant à chaque bête, à chaque plante, à chaque minéral, à chaque objet créé par la main de l’homme, à chaque partie même du corps humain, la signification d’une vertu, d’un vice, d’une vérité religieuse ou morale, d’un des articles de la foi. On se trouva donc en possession d’une véritable langue hiéroglyphique apte à figurer aux yeux des affirmations élémentaires. Le langage des fleurs encore populaire, et dont ne manquent pas d’user les cœurs très simples, est le dernier résidu de la vieille symbolique. Au