Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

logie, mystique ou doctrinale. Ce qui, par exemple, semble à M. Huysmans primordial dans la vie des saints, ce sont les visions, les hallucinations, les luttes contre le diable ; il ignore que tout cet accessoire n’est jamais un motif de canonisation[1] ; qu’on ne l’accepte que s’il vient en superfétation à une vie de renoncement, de sacrifice et de charité ; que les accidents cérébraux, si fréquents chez les saintes, ne le sont pas moins chez les hystériques ; ou bien, épris d’abord du pittoresque et du singulier, il retient le diable comme l’indispensable metteur en scène des féeries de la sainteté. Voulant conter quelques traits de l’histoire de Christine de Stommeln (qu’il appelle, d’après quelque mauvais document, Christine de Stumbèle), ce qu’il choisit, ce qui le touche et le frappe, c’est la série des farces stercoraires qui troublèrent la vie de cette charmante fille et qu’elle atribuait à Satan. «… Ils s’entretiennent, en se chauffant, des incursions nauséabondes que le Démon tente et, subitement, les scènes se renouvellent. Ils sont, les uns et les autres, inondés de fiente, et Christine, selon l’expression du religieux, en

  1. Cardinal Lamberti : De Canonis. (Cité par Brière de Boismont, Hallucinations, 2e éd., p. 523.)