Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/189

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d’un pape qui sait ce que coûte la maçonnerie et qui sait aussi que le peuple, heureux qu’on lui embellisse ses églises, ne souffre pas volontiers les démolisseurs. Grégoire cependant contredisait Dieu qui a dit : « Détruisez, démolissez, brisez, brûlez, ravagez ; pulvérisez les statues, rasez les temples ; le fer, le feu et le sang ![1] » Mais, pape romain, il est nécessairement supérieur à un dieu barbare. Il est civilisé. C’est pour avoir pris à la lettre les commandements de cette idole asiatique que les tristes protestants allumèrent tant d’incendies en France et en Allemagne. L’auteur des Conformités les loue de leur rage destructrice et il n’a à sa disposition que trop de textes de pères de l’Église pour corroborer son fanatisme.

Le peuple n’est pas destructeur. Il n’en a pas les moyens, pas plus qu’il n’a ceux de construire ; son rôle est de conserver, et il s’en est acquitté au cours des siècles avec un zèle admirable, malgré ses prêtres. On pourrait reconstituer la vieille religion romaine avec ce que la piété populaire d’aujourd’hui en a conservé.

Dans une précédente étude[2], on a donné quelques exemples de la continuité religieuse.

  1. Exode, XXXIV, 23 ; Deut., XII, 2, 3.
  2. Voir page 142.