Ouvre-toi, jeune terre, reçois la graine et sois féconde.
I
Ayant déjà fait quelques études préparatoires au noble métier d’écrivain français, vous n’ignorez pas sans doute que le monde dans lequel vous allez entrer est fort méprisé par ceux-là mêmes qui doivent y vivre et qui en font l’ornement. Vous avez entendu dire que ce monde n’est guère qu’une église de truands qui tient à la fois de la maison de prostitution, de l’étable à cochons et de la chambre de rhétorique ; cette opinion est très exagérée, vous ne tarderez pas à vous en apercevoir, et qu’avec un bon manteau, de solides bottes, d’imperméables gants et un chapeau « qui ne craint rien », ni la pluie, ni les avanies, ni la grêle, ni les mensonges, ni la neige, ni la saburre qui tombe des balcons, on y peut vivre tolérablement ; il y a des séjours plus dangereux ; pour un homme intelligent et pratique, il n’en est guère de plus recommandable et où le placement d’une pacotille soit plus rapide et plus rémunérateur.