Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/242

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                                   II

De la pacotille, j’ai peu de chose à vous dire en particulier. Pour se la procurer, il ne faut ni argent, comme dans le commerce ; ni étude, ni talent, comme il était d’usage dans les anciennes sociétés littéraires ; à cette heure, vous n’avez besoin que d’adresse : de l’adresse et encore de l’adresse. Figurez-vous un noyer tout plein de belles noix vertes et que le fermier soit occupé loin de là à sarcler ses betteraves ou à battre son blé : il vous suffit d’une gaule ou d’un bâton court, ou même d’un caillou, pour faire pleuvoir à vos pieds les belles noix vertes. Ensuite, il ne s’agit que de les éplucher sans se salir les doigts ; des gens prétendent que cela est fort difficile, « qu’il en reste toujours quelque chose » : oui, cela est difficile, mais si vos doigts restaient tachés, vous en seriez quitte pour porter des gants ; un autre motif m’a déjà fait vous recommander cet usage.

Vous trouverez, disséminées dans les paragraphes suivants, quelques autres notions touchant la pacotille, — laquelle, en somme, se composera de tout ce que vous pourrez voler subtilement aux riches et aux pauvres, aux ar-