…Fratrem Pollux alterna morte redemit[1].
Et voici comment raisonne Pollux :
« L’arbre n’existe que parce que je le pense ; pour la pensée hypothétique que je pressens et que je veux bien admettre, douloureusement, au-delà de mon domaine, je suis une sorte d’arbre et je n’existe qu’autant que cette pensée me pense… »
Il se reprend :
« Pourtant, je suis, — et absolument[2] ! »
Il réfléchit et continue :
« Oui, mais Homunculus ne dit pas autre chose de lui-même ; il dit, lui aussi : Je suis, — et absolument. Or, si j’admets mon affirmation, je dois admettre la sienne, mais deux absolus sont contradictoires ; ils se nient en s’affirmant ; ils s’affirment en se niant.
»Pour être pensé, il faut donc que je me nie moi-même, — mais je retrouverai dans l’autre pensée l’image de ma propre négation renversée et redevenue positive : je vis et je suis en celui qui me pense ».
Voilà pourquoi Pollux partagea son immortalité avec son frère mortel.