Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et qui sera l’état même de l’Activité le jour où tous les actes possibles auront été accomplis. Il faut donc, si l’on veut absolument juger, ce qui est un jeu défendu, mais bien humain, juger non les actes qui ne sont que des mouvements et dont la direction peut être à chaque instant déviée par des causes secondaires ou postérieures, mais les pré-actes les actes en puissance, les actes au moment même où ils vont être déterminés par le principe initial ; il faut juger le principe même et non le fait, et, ici, chercher quel est le principe qui peut conférer à un acte la qualité d’acte de charité, en opposition avec la foule des actions ainsi qualifiées d’ordinaire, mais indûment.

                                    I

La vie, qui est un acte de foi, puisque l’homme est incapable de vérifier les notions sur lesquelles s’appuie son existence même quotidienne, est aussi un acte de charité puisqu’elle est un échange perpétuel de notions et de sentiments entre les hommes et entre l’homme et le reste de la nature. Parmi ce torrent d’effluves, les actions communément appelées charitables ne sont qu’un tout petit souffle, et souvent de vanité, — mais qui siffle