nature, le plus possible de beauté, même passagère et très périssable.
V
Les si amusantes distinctions que les vieux manuels faisaient entre le
style fleuri et le style simple, le sublime et le tempéré, M. Albalat
les supprime excellemment ; il juge avec raison qu’il n’y a que deux
sortes de style : le style banal et le style original. S’il était permis
de compter les degrés du médiocre au pire, comme du passable au parfait,
l’échelle serait longue des couleurs et des nuances : il y a si loin de
la Légende de Saint-Julien l’Hospitalier à une oraison parlementaire
qu’en vérité on se demande s’il s’agit de la même langue, s’il n’y a pas
deux langues françaises et en dessous une infinité de dialectes presque
impénétrables les uns aux autres. A propos du style politique, M.
Marty-Laveaux[1] pense que le peuple, demeuré fidèle en ses discours aux
mots traditionnels, ne le comprend que très mal et seulement en gros,
comme s’il s’agissait d’une langue étrangère que
- ↑ De l’Enseignement de notre langue.