Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/310

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une langue à la fois traditionnelle et renouvelée par les conseils d’une sensibilité originale ; propager la langue française, en tant que langue de commerce et d’usage, il suffirait peut-être, à l’heure actuelle d’une politique ferme, et au besoin un peu impertinente. Mais l’impertinence diplomatique n’est pas un joujou que puissent manier sans danger ou sans ridicule les humbles hommes d’État, les contre-maîtres d’usine, qui ont usurpé en France le rôle de pasteurs de peuples.

Et ce ne sont pas les efforts généreux de l’Alliance française qui pourront suppléer à notre atonie politique, et encore moins tels petits remèdes de bonne femme sérieusement préconisés par des journalistes : nommer des correspondants étrangers de l’Académie française, instituer un Prix de Paris pour les étudiants étrangers ! L’inutilité de ces mesures me les ferait accepter volontiers. La France n’est pas une maison de commerce qui donnerait des primes à ses clients ; ni elle n’est une dame qui doive condescendre à rendre moins âpre l’accès de ses faveurs.

S’il faut simplifier çà et là notre orthographe, ou désencombrer de trop puériles règles nos grammaires, que ce soit par des raisons esthétiques, c’est-à-dire d’une utilité hautaine. Nous