Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/68

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nelle. Le travail quotidien, régulier, c’est, pour ainsi dire, l’inspiration régularisée, domestiquée, asservie. Les termes ne sont pas contradictoires, car il est certain qu’alors l’état second, devenant périodique, peut n’en devenir que plus profond. L’habitude, si puissante, se joint à la nature pour renforcer un état psychologique qui devient alors un véritable besoin ; ceux qui se sont astreints au labeur de tous les jours, s’il leur arrive de s’y soustraire, surtout en restant dans le même milieu, éprouvent, pendant et après les heures de l’accès périodique, un certain malaise, parfois une vraie souffrance : le remords n’a peut-être pas d’autre origine, qu’il s’agisse d’un acte habituel qui n’a pas été accompli, ou d’un acte inhabituel qui a violemment troublé la marche coutumière des journées.

L’inspiration, si elle est un état second, peut donc être un état second provoqué par la volonté. Il n’est pas douteux que des artistes, des écrivains, des savants peuvent travailler quand il le faut, sans préparation, aiguillonnés seulement par la nécessité et, d’autre part, que les œuvres ainsi produites sont tout aussi bonnes que celles dont l’exécution n’a été déterminée que par un désir de réalisation. Cela ne signifie pas que le subconscient soit inactif pendant le travail volon-