Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/110

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M. Mauclair qui parle, car il faut se laisser convaincre par l’éloquence.

Quel charme en ses phrases et que ses périodes sont belles ! Si pour thème d’un discours il prend ce mot de M. André Gide : « J’appelle symbole tout ce qui paraît », nous sommes surpris, mais non déconcertés, car nous savons que de cette formule obscure M. Mauclair va tirer une suite de formules dont l’élégance, fatalement, clarifiera, jusqu’au blanc éclatant, la pensée douteuse qu’il a choisie pour ses expériences. Il faut que cela devienne lumineux ; il faut que nous soyons éblouis à fermer les paupières. La formule de M. Gide, qui n’est pas claire, n’est même pas expressive, en soi ; résumé d’une manière de sentir toute personnelle, il semble que sa vérité soit, réduite à un mot, incommunicable à tout autre esprit. Elle est banale au degré où la vérité est banale ; riche des significations que son auteur seul peut lui donner ; pauvre, s’il la délaisse. Il paraîtrait donc que, simple manière de dire, elle fût particulièrement impropre à supporter un commentaire logique et surtout un commentaire précis. C’est un Sunt cogitationes rerum, qui tire toute sa valeur de la valeur même de l’intelligence qui le proféra.