Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/123

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pensent que je dois faire. » Quel que soit le conseiller, son autorité et son caractère, nous ne lui obéirons pas ; nous écouterons sa parole avec bienveillance, en nous souvenant que nous sommes les souverains juges de nous-mêmes.

Nous voici à la liberté de la conscience, à la morale personnelle ; il s’agit de rattacher ces principes au sentiment religieux, qui est le « sentiment d’une dépendance absolue ». C’est facile. La révélation intérieure dénoue le drame et, finalement, l’homme est libre en Dieu.

M. Charbonnel est donc un spiritualiste mystique ; il n’expose pas une doctrine, mais une méthode, en même temps qu’il introduit la littérature dans une région qu’elle ne fréquente guère. Emerson, lu trop souvent à travers M. Maeterlinck, semble l’avoir guidé pendant ce voyage spirituel qui s’apothéose par une belle prière au Dieu inconnu, cantique d’amour divin, d’une pureté toute métaphysique. Ainsi, il élève à côté de l’église des dogmes une chapelle sans dôme, d’où on voit le ciel sans regarder à travers des nuages d’encens. Il agrandit un horizon que le clergé d’aujourd’hui a réduit aux dimensions d’un panorama, et, comme les mystiques catholiques de race grecque, il fait