Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la littérature de M. Maeterlinck paraît emblématique, le plus souvent : La Mort de Tintagiles semble une vraie estampe de Luiken ; pareillement dans l’effroyable, le fiévreux, l’occulte, le génie de M. Odilon Redon est emblématique.)

… L’emblème pose tout d’abord l’abstraction ; il se sert de paysages, de personnages, de matérialités, mais vues selon des attitudes volontairement significatives ; tandis que le symbole présente la nature telle qu’elle est et nous laisse la liberté de l’interprétation, l’emblème affirme la vérité qu’il exprime ; il l’affirme avant tout et ne se sert de figurations que comme d’un moyen purement mnémonique.

Tels emblèmes peints comme enluminures dans les missels de M. Max Elskamp sont d’une obscurité magnifique et qui fait rêver longuement. Je ne crois pas que, depuis la Nuit obscure de l’âme, la poésie emblématique se puisse vanter de plusieurs aussi belles images :


Mais les anges des toits des maisons de l’Aimée,
les anges en allés tout un grand jour loin d’Elle
reviennent par le ciel aux maisons de l’Aimée ;

les anges-voyageurs, buissonniers d’un dimanche,
les anges-voyageurs se sont fait mal aux ailes,
les anges-voyageurs, buissonniers d’un dimanche ;