Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/200

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Arrivé à la partie de son œuvre qu’il appelle l’Ordre Altruiste, M. René Ghil s’engage dans les sombres défilés d’un dangereux didactisme : il nous initie aux mystères de la formation des cellules primordiales, mères lointaines de la triste humanité qu’il voudrait rénover et moraliser. C’est un petit traité de chimie biologique ou peut-être d’histologie élémentaire ; il est assez difficile de s’y reconnaître ; mais cela serait bien inutile, puisque nous avons sur toutes ces matières une abondante littérature scientifique. Il n’est pas certain que la Science soit le « meilleur devenir » ; elle tend, par sa croissante complexité, à ne plus guère représenter qu’un amas de notions infiniment incohérentes ; l’heure des synthèses est passée. On nous soumet périodiquement, avec emphase, de nouvelles théories de la vie ; elles sont bonnes durant quelques mois, parce qu’elles nous font réfléchir, mais aucune n’a encore proféré la première lettre de la première syllabe du mot. Les autorités scientifiques de M. Ghil ne sont plus bonnes et quelques-uns de ses répondants, les Ferrière et les Letourneau, ne furent jamais des autorités. D’ailleurs il s’agit de poésie, et, sans nier que le Phosphore puisse être chanté à l’égal des Dieux, il nous